Depuis plusieurs années maintenant, les spécialistes du texte biblique redécouvrent l’importance des versions vieilles latines et de la Vulgate.
« Divine Election in the Latin Bible »
Profitant de la présence du Rev. Dr. Kevin Zilverberg, en tant que professeur invité du programme doctoral, la Direction de l’École a organisé un symposium riche d’enseignements, le 15 décembre 2022.
— 9:30–10:30 a.m. : Lukasz Popko, ÉBAF: « Divine Elections: Bibel Lots and the Roman Civic Sortitio »
— 10:45–11:45 a.m. : José Manuel Cañas Reíllo, Spanish National Research Council (CSIC), Madrid: “Election in the Book of Judges: The Cases of Gideon and Samson”
— 3:00–4:00 p.m. Kevin Zilverberg, University of St. Thomas, St. Paul, Minnesota, USA: “Praedestinatus est Filius Dei (Rom 1:4): The Biblical Bases for Augustine’s Teaching on Divine Election”
— 4:15–5:15 p.m. Pablo Toribio, Spanish National Research Council (CSIC), Madrid: “Divine Filiation as Election: Johann Crell’s Interpretation of the phrase filius Dei in its Confessional Context”
Séminaire de traduction de la Vulgate
Depuis deux ans maintenant, au grand bureau du programme, nous consacrons chaque semaine un séminaire de deux heures aux problèmes que le texte latin présente aux traducteurs. C’est l’occasion de tester la « table des commandements » du traducteur de la BEST mise au point au début du programme (ICI, p. 35)
Assistant au programme et membre très actif de notre séminaire, SImon Monteillet se prête au jeu d’un bref entretien.
Qui êtes-vous ?
J’ai 28 ans et après une licence en philosophie à la Pontificia Universidad Católica del Ecuador et des études à l’ENS rue d’Ulm, je poursuis un doctorat à l’EPHE (École pratique des hautes études) au Laboratoire d’Etudes sur les Monothéismes sous la direction de Monsieur Olivier Boulnois. Précédemment, j’ai travaillé sur saint Augustin et ses emplois de substantia dans les débats hérésiologiques, manichéens et ariens plus précisément. Maintenant, j’étudie les emplois de ce terme chez les Pères de l’Eglise latins.
Que faites-vous à L’EBAF ?
La BEST veut faire entendre la polyphonie biblique en soulignant les nuances propres à chaque tradition, les inflexions qui d’une langue l’autre se produisent, s’échelonnent, s’enchevêtrent. Rendu attentif à l’importance du latin dans la structuration de la pensée chrétienne, l’occasion m’est donnée de travailler comme assistant chercheur au projet en révisant et en enrichissant les traductions de la Vulgate préparées par mes prédécesseurs. Pour moi dont toute la vie intellectuelle est bilingue, et en fait trilingue avec le latin, c’est passionnant !
Quelle philosophie de la traduction pour la BEST ?
Si la traduction est la condition de possibilité de la compréhension parmi les hommes, car il n’est de pas rapport humain sans une certaine compréhension, ni de compréhension sans un langage en commun, la traduction peut être aussi perçue comme une trahison ou comme une violence quand, par exemple, le groupe le plus puissant impose sa langue à l’autre, la traduction n’étant plus affaire de partage mais d’assujettissement.
La BEST évite ces deux écueils qui considèrent la traduction négativement. Plutôt que d’envisager la traduction comme une façon de remédier à la confusio linguarum, on part d’une conception positive de la pluralité des langues et des versions.
De surcroît, le projet n’appréhende pas la traduction comme le ferait une puissance conquérante qui imposerait sa langue unique : la diversité des langues ne constitue pas un schisme ! Certes, l’épisode de la tour de Babel est connu pour avoir entrainé la diversité des langues, nous oublions pourtant qu’il est une langue qui les unit toutes, celle-là même qu’Augustin nomme charité :
« d’une seule langue, il s’en est produit plusieurs, ne t’en étonne pas : c’est le fait de l’orgueil ; des multiples langues, il s’en est produit une seule, ne t’en étonne pas : c’est le fait de la charité, puisque, bien que les langues soient différentes c’est le même Dieu qui est invoqué au fond du cœur, c’est la même paix qui est gardée par tous. »
Augustin d’Hippone, Homélies sur l’évangile de saint Jean., VI, 10 (BA, 71, p. 35)