La Bible est omniprésente dans les inscriptions du Moyen Âge tout comme dans bien d’autres écrits médiévaux. La dimension visuelle et matérielle, tout autant que verbale, de ces textes gravés dans la pierre, le bois ou le métal, amène à analyser l’ « exégèse épigraphique » au sein de la trame monumentale ou objectale de leurs supports, et plus largement comme partie prenante de l’ « exégèse architecturale » de l’édifice ecclésial. C’est à l’issue des deux colloques intitulés Mise(s) en œuvre(s) des Écritures, co-organisés avec le CESCM en 2016 et 2017, qu’un partenariat s’est monté entre le programme Bible en ses traditions et le Corpus des inscriptions.
BEST (la Bible en ses Traditions) de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, lancé en 2010, élabore un nouveau type de bible annotée, qui met en dialogue l’étude historique des Écritures avec la richesse de leurs interprétations au fil des siècles. Le but est de restituer la polyphonie du texte biblique qui n’a jamais été figé, en l’accompagnant de la caisse de résonance qu’est l’histoire de sa réception (la liturgie, la littérature, la musique, les arts visuels, le théâtre, la danse et le cinéma etc.). BEST est une plateforme collaborative internationale sur internet, regroupant biblistes et spécialistes des disciplines liées aux vingt-neuf rubriques d’annotation.
De son côté, le Corpus des inscriptions possède deux répertoires sur la présence scripturaire dans les inscriptions du Moyen Âge, mais peu exploités. Réalisés et régulièrement mis à jour par Robert Favreau, le premier porte sur les citations et allusions bibliques, le second sur les personnages de la Bible. Uniquement sous format papier, ils sont tous deux consultables à l’inscripthèque du CESCM. Pour les constituer, R. Favreau a dépouillé l’ensemble des éditions des inscriptions à l’échelle européenne (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark Espagne, France, Grande-Bretagne, Irlande, Italie, Pologne, Portugal, Suisse) et de la Terre Sainte. Dans le cas d’inscriptions n’étant pas encore publiées par ces grandes entreprises éditoriales, le renvoi bibliographique est fait à d’autres collections (par exemple les volumes de Catalunya romànica) ou à des études spécifiques.
Un double objectif anime ce partenariat :
- d’une part de rendre accessible via le numérique ce premier inventaire,
- d’autre part amener à l’étude fine de cette présence scripturaire en trois dimensions dans l’épigraphie, tout en bénéficiant de l’éclairage de plus de 300 autres collaborateurs du programme BEST. La Bible digitale sera reliée aux plateformes numériques du CESCM : TITULUS, édition électronique des inscriptions médiévales, et la base ROMANE. La première phase est lancée grâce à la participation active d’étudiants et volontaire : Marie Barreau (Master CESCM, 2017-2018), Louis-Nobi Georgel (volontaire du service civique au CECSM 2018-2019), et bientôt une stagiaire ERASMUS (Université de Chieti, Italie).
Cette collaboration va s’étendre aux inscriptions de l’Antiquité chrétienne, non seulement grâce à la relance du Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule au CESCM grâce au soutien de la Fondation Vauchez-Balzan, mais également par à un partenariat qui se met en place avec le professeur Antonio Felle (Università degli Studi di Bari « Aldo Moro »), auteur de Biblia Epigraphica : la sacra scrittura nella documentazione epigrafica dell’Orbis Christianvs (III-VIII secolo), Bari : Edipuglia, 2006.
Pour tout renseignement : estelle.ingrand.varenne@univ-poitiers.fr