Début avril, un colloque célébrait la publication d’un livre de notre directeur exécutif, Olivier-Thomas Venard : A Poetic Christ: Thomist Reflections on Scripture, Language and Reality, adapté de sa trilogie publiée en français entre 2003 et 2009 (Littérature et théologie : une saison en enfer ; La langue de l’ineffable : essai sur le fondement théologique de la métaphysique ; et Pagina sacra : de l’Écriture sainte à l’écriture théologique), traduit en anglais par les profs. Francesca Murphy et Kenneth Oakes, de Notre-Dame University.
Pour ce colloque, Prof. John Cavadini, directeur du McGrath Institute avait invité une douzaine de collègues chrétiens ou juifs à réfléchir au futur des études bibliques, en prenant le travail de Venard comme un exemple de ce que peut signifier étudier scientifiquement la Bible en tant que Parole de Dieu, et comme une invitation à redécouvrir l’étude des Écritures comme oeuvre de sagesse.
La création artistique — selon Venard indispensable à cette redécouverte — était également au rendez-vous : le colloque vit la création mondiale de Latens Deitas, pièce pour 4 instruments et deux voix commandée spécialement à Michel Petrossian.
- Il signait ainsi sa deuxième collaboration en lien avec La Bible en ses traditions (réécoutez sa sublime interprétation de la confession du feu en G-Jérémie 20,7—9).
Repensée comme discipline sapientielle, l’exégèse biblique demeure intimement connectée à l’histoire et à la philologie, mais ne saurait se réduire à ces disciplines. Elle doit établir de nouvelles relations : avec les études juives, la littérature, la théorie littéraire et la linguistique, la phénoménologie et la théologie — sans oublier un nouveau partenariat à établir avec la création artistique en tant que telle, seul remède efficace à l’« oubli du langage » jadis théorisé par H.-G. Gadamer.
À quelles (pré-)conditions ou présuppositions un tel projet est-il réalisable ? La constitution dogmatique de Vatican II Dei Verbum présente l’Écriture en affirmant que Dieu est son auteur, pas moins que les auteurs humains qui l’ont élaborée livre par livre. Les « méthodes » historiques ou littéraires ne sauraient suffire si l’étude biblique veut prendre en compte une telle affirmation de l’autorité divine. Ne pas le prendre en compte, ou bien en laisser le soin à une acrobatie herméneutique ou théologique extrinsèque, reviendrait à cesser de les étudier en tant que Parole vive.
Y a-t-il un potentiel encore inexploité de Dei Verbum pour re-connecter Écritures, Parole et Sagesse ? Si les études bibliques peinent à se renouveler dans leur forme actuelle, une synthèse fine de l’histoire, de philosophie contemporaine du langage, de théologie de la culture, et des ressources exégétiques traditionnelles pourraient-elles contribuer au renouveau des études bibliques ?