Simon Monteillet, assistant scientifique, est doctorant à l’EP.H.E. |
BibleArt, pour moi … C’est une grande aventure de traduction ! Diplômé de l’ENS-PSL et traducteur, comme assistant scientifique à La Bible en ses Traditions, je traduis, corrige et harmonise le texte de nombreux livres de l’Ancien Testament.C’est aussi… une immense liste de noms propres ! Actuellement sur les pas de Jérôme, qui en son temps écrivit un Livre des noms hébreux et un Livre des noms de lieux, véritables dictionnaires onomastiques et toponymiques de la Bible, je travaille avec frère Jorge à un registre des noms propres de la Bible. Travail de longue haleine , qui permet d’harmoniser notre traduction et de rendre compte des choix hiéronymiens concernant l’onomastique.C’est enfin … plein de surprises vraiment inattendues : dans la version de saint Jérôme que nous travaillons spécialement, je trouve au détour d’une phrase… des Sirènes, Mercure et Adonis, quand je ne plonge pas le Tartare ! Pourquoi ces références gréco-romaines en pleine histoire juive ? Quelles expressions massorétiques traduisent-elles ? Pourquoi Jérôme qui est le champion de la « vérité hébraïque » comme il dit, se permet-il des acculturations aussi radicales ? Ma devise … Je la dois à Spinoza : Non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere (Traité politique,1§4). En gros : « ne pas rire, ne pas pleurer, mais comprendre » !Elle nous invite à faire un pas de côté, à mettre entre parenthèses les premières impressions, à essayer de maîtriser ses passions pour finalement comprendre. De surcroît, elle encourage à comprendre plutôt qu’à juger, en gardant à l’esprit tout ce que cela implique. Mon livre préféré dans la Bible … C’est sans doute le livre de Job. Même si je le connaissais déjà, ce projet m’a donné l’occasion de l’étudier en profondeur à travers l’édition de la Vulgate. Le livre de Job est fascinant, car il présente une foi des plus fermes. C’est aussi le paradigme du malheur, à l’aune duquel nous pouvons juger du sort d’Ivan Illich ou de Jean Péloueyre. Dans un court écrit, Simone Weil rappelle que le malheur rend Dieu absent et que l’absence de Dieu prive l’âme d’amour. Dans le malheur, l’âme doit se faire violence et continuer de « vouloir aimer », même si cela implique d’ « aimer à vide », pourvu qu’un jour « Dieu vienne se montrer lui-même à elle et lui révéler la beauté du monde, comme ce fut le cas pour Job ».Je dois également avouer que ma préférence va à Job, car, comme à la lecture de Cioran, je ressens paradoxalement une sorte de joie, voire de reconnaissance, à me savoir sans doute plus heureux qu’eux, et puis bien sûr, moins malheureux. |
Appel à candidatures : AMI en Philologie (Grammaire, Lettres classiques, Études sémitiques) pour 2025-2026
28 janvier 2025